Jean-Yves Boisiaud

Comment les logiciels libres sont arrivés dans vos activités professionnelles?

« La première fois que j’ai entendu parler de Linux, c’était en 1993 durant ma formation au CNAM à Nantes, le projet de fin de cycle d’un des étudiants utilisait Linux. Cela m’a interpellé, puisque je m’en souviens encore, mais c’est tout ! En 1996, durant ma formation en Master à Rennes, j’ai cette fois-ci réellement utilisé Linux et les logiciels libres. Je n’ai pas arrêté depuis. »

Comment a débuté votre entreprise et vos offres de développement avec du Libre?

« Entre 1997 et 2001 je suis intervenu sur des missions en SSII portant sur des logiciels embarqués propriétaires, ainsi qu’auprès d’opérateurs réseaux pour développer des applications en Perl, sous Solaris. Parallèlement, nous étions plusieurs en interne à présenter Linux dans nos SSII respectives, sans toutefois retenir plus que cela l’intérêt de nos dirigeants.

De 2001 à 2004 j’ai intégré une PME spécialisée en robotique mobile où j’ai exercé comme chef de projet R&D et administrateur système et réseau. Pour la première fois, j’ai pu vraiment déployer des logiciels libres utilisés professionnellement.

En 2004, j’ai créé l’entreprise uni-personnelle Erasys, ayant pour offre les infrastructures systèmes et réseaux et sécurité de PME. Plus précisémment, cela comprenait, par exemple, les serveurs de fichiers (Samba), le courrier éléctronique, les VPN (OpenVPN, IPSec), les sauvegardes (Bacula), les firewalls (PF), la supervision applicative (Nagios) … Le tout dans les environnements Linux, FreeBSD et OpenBSD, mais également Windows. »

Où sont localisées vos activités et quels sont vos rayons d’action géographique?

« J’interviens dans le bassin Rennais et en région Bretagne essentiellement. Je suis aussi intervenu sur des missions dans le reste de la France et à l’international, avec le Danemark notamment, pour du Wi-Fi sous Linux. »

Quel est le statut de votre entreprise et vos secteurs d’activités?

« En octobre 2009, Erasys a fusionné avec Osiell d’Éric Flaux, avec qui j’avais des liens importants depuis quelques temps. La nouvelle structure s’appelle ABF Osiell.

Notre objectif est de couvrir les besoins verticaux d’une PME de moins de 200 personnes, des infrastructures systèmes et réseaux jusqu’aux logiciels applicatifs, de gestion par exemple. Nos offres reposent massivement sur les logiciels libres.

Je m’occupe davantage des sujets de sécurité et d’infrastructure, tandis qu’Éric s’occupe plus de la partie gestion, en s’appuyant sur OpenERP, qu’il déploie et personnalise depuis la création d’Osiell, il y a trois ans. »

Qu’est ce qui rend vos activités uniques sur le marché ou par rapport à la concurrence?

« Notre point fort sur le marché est notre expérience de l’informatique. Nous sommes également polyvalents, puisque nos compétences sont aussi bien dans l’informatique de gestion que dans l’informatique technique.

Nous offrons donc à nos clients, qui sont des PME, un catalogue de solutions informatiques éprouvées, basé à large majorité sur des logiciels libres. »

Quelles sont les attentes de vos clients vis à vis de solutions en Logiciel Libre? Quelles garanties leurs proposez-vous?

« Nos clients demandent avant tout de la réactivité : en phase commerciale, sur les déploiements de solutions, ou encore sur la maintenance. Certains sont venus nous voir parce que nous sommes partenaires OpenERP, d’autres parce qu’ils voulaient exclusivement une solution reposant sur des logiciels libres, ou encore d’autres parce qu’ils nous ont mis en concurrence avec des solutions propriétaires et qu’ils se sont laissés convaincre par les logiciels libres. »

Quelles sont les actions que vous avez mises en place pour faire connaître vos activités?

« Pour l’instant, nous utilisons notre réseau de contact direct. Le fait que nous soyons partenaire de l’éditeur OpenERP permet également de nous faire connaître.

Où sont localisées vos activités et quels sont vos rayons d’action géographique?

« Nous intervenons dans le bassin Rennais et en région Bretagne essentiellement. Nous sommes aussi intervenu sur des missions dans le reste de la France et en Europe, au Danemark notamment, pour du Wi-Fi sous Linux. »

Comment êtes-vous devenus membre de CapLibre, association d’entrepreneurs en services en Logiciel Libre basée à Rennes?

« Je suis membre fondateur de CapLibre et donc membre depuis sa création en 2008. Pour information, CapLibre a pour objectifs de :

- Favoriser les échanges d’affaires entre les membres et faire en sorte qu’ils se regroupent pour répondre à des offres ;
- Mutualiser des efforts financiers lors de notre présence sur manifestations commerciales; des salons par exemple ;
- Développer et faire la promotion du logiciel libre auprès des entreprises et des institutions.

Nous étions 4 membres en 2008, nous sommes actuellement 12 fin 2009. Pour l’instant CapLibre se compose de petites entreprises et nous devons êtes suffisamment nombreux et représentatifs en terme de chiffre d’affaires pour mettre en place une démarche efficace auprès des institutions. »

Le fonctionnement des entreprises dans le logiciel libre et leurs licences d’utilisation participent et soutiennent une dynamique auprès de la communauté. Quelles sont les moyens de redistribuer que vous proposez?

« Tout d’abord, nous faisons la promotion du logiciel libre auprès de nos clients. Si le nom de Linux est désormais connu de beaucoup, la notion de logiciel libre est souvent incomplète ou inconnue. Notre rôle est alors de clarifier la notion de ce qu’est un logiciel libre.

Ensuite, de plus en plus de logiciels libres sont maintenus par des entreprises, qui vivent des contrats de support qu’ils proposent. Nous participons donc financièrement au développement du logiciel libre en proposant à nos clients ces contrats de support. Le client est alors sécurisé à double titre : sur l’évolutivité du logiciel et sa pérénnité, sur la confiance qu’il nous accorde pour mettre en place et adapter le logiciel en question.

Enfin, nous participons en faisant des développements de nouveaux modules de logiciels existants (OpenERP par exemple), ou encore lors d’actions ponctuelles et spécifiques (portage de Zarafa sous FreeBSD par exemple). »

Êtes-vous membre d’un « groupe utilisateur linux » ou d’autres types d’association dans le champ du logiciel libre? Quelles sont vos activités au sein de ces associations?

« Nous sommes membres de l’APRIL, Association pour la Recherche en Informatique Libre (national). »

Licence de diffusion CC BY ND
Interview de Jean-Yves Boisiaud

Interview effectuée par Valérie Dagrain en février. 2010

http://valerie.dagrain.numerimoire.net

Contact: valerie.dagrain@numerimoire.net